mercredi 24 novembre 2010

A la Mairie de Paris, des élu-e-s soutiennent l’intégration de l’esclavage prostitutionnel au marché du travail !

Sur son blog,[1] la Maire-adjointe en charge des personnes en situation de handicap à Paris nous explique qu’elle a voulu co-organiser, le 26 novembre 2010, avec l’association CQFD (Ceux Qui Font les Défis), le colloque « Handicap : Affectivité, Sexualité, Dignité » parce que « la prévention à la sexualité, l’information des parents, le désir d’enfant, l’accompagnement sexuel, les difficultés de rencontres sont autant de sujets qu’il est nécessaire d’aborder de front afin de favoriser une prise de conscience de tous sur cette question et de reconnaître une sexualité aux personnes en situation de handicap. »[2]

Nous savons tous et toutes ce que se cache derrière le terme « accompagnement sexuel » :
- des professionnelles du paramédical contraintes de se prostituer pour remplir leur contrat de travail ;
- des personnes en situation de handicap que l’on méprise en leur faisant comprendre que les seules relations avec autrui auxquelles elles peuvent prétendre les transforment immédiatement en esclavagistes.

Or, la question de la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap est avant tout liée aux moyens déployés par notre société pour rendre réel leur accès à une vie sociale, professionnelle, culturelle et politique. Elle est liée à des politiques publiques à la hauteur des enjeux pour leur permettre, au même titre que n’importe qui, d’avoir la chance de faire des rencontres amicales, amoureuses ou autres par elles-mêmes dans un rapport d’égalité qui présuppose la liberté de la relation et donc son caractère non-marchand.

La solution de « l’accompagnement sexuel » est une manière détournée de garder chez elles les personnes en situation de handicap, loin du regard des autres, sans réfléchir à leur intégration réelle au sein de la société.

Le choix de Marcel Nuss comme parrain de l’événement, militant actif d’un droit à la prostitution rebaptisé « services d’accompagnement sexuel pour personnes handicapées », le choix des intervenant-e-s, notamment des militant-e-s suisses de « l’accompagnement sexuel » ne laissent aucun doute quant à la visée politique de cet événement.

Au lendemain de la journée internationale pour l’élimination des violences envers les femmes, cette tentative de légitimation de la prostitution en tant que travail à travers une prétendue volonté d’améliorer la vie des personnes en situation de handicap résonne fortement avec un autre événement, également organisé par deux autres élu-e-s de Paris, le 11 mars dernier, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

Le Maire du 2e arrondissement et sa conseillère déléguée à la lutte contre l’exclusion et à l’action sociale nous invitaient alors à un débat sur « la prostitution, les travailleurs du sexe et les abolitionnistes ». A l’époque déjà, il était étonnant de voir mis sur un même plan les partisan-e-s d’un monde sans prostitution et ceux qui agissent pour la réglementation de l’exploitation sexuelle des plus faibles.

En mars dernier, comme en ce mois de novembre, nous nous étonnons de la conception toute particulière que ces élu-e-s ont de l’égalité des femmes et des hommes et nous nous demandons s’ils veulent vraiment nous préparer une société où certains auraient le droit d’acquérir, entre autres produits de consommation, le corps d’autres êtres humains ?

Nous espérons sincèrement que les autres élu-e-s parisien-ne-s sauront faire entendre une autre voix, qu’ils et elles sauront se démarquer de cette banalisation de l’esclavage prostitutionnel.

L'égalité, c'est pas sorcier !

[1] http://blog.veroniquedubarry.fr/
[2] http://www.defisdecivilisation.com/

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